haine, parce qu’ils mettent sans cesse leur fortune & leur rang à la place des distinctions réelles, qui sont les talens & les vertus : c’est sous ce bouclier qu’ils se dérobent aux engagemens les plus sacrés. Leur air de bonté n’est ordinairement qu’un piege, ou qu’un orgueil plus fin ou plus raisonné. Leurs bienfaits sont disposés de maniere à inviter à l’ingratitude. Leur jargon brillant, leurs manieres polies ne peuvent en imposer qu’aux hommes inexpérimentés ; il est aisé de les juger, & de voir qu’ils ont ordinairement de petites ames fort vaines, fort étroites, & des cerveaux sans lumieres utiles : ils dévorent la patrie, & ne la servent pas ; ils ne savent guere qu’intriguer pour faire le mal, ruser à la cour, & tromper les petits à l’appât de leurs promesses[1].
- ↑ Quelqu’un a fait ces vers :
Je suis depuis long-tems à la derniere place
Je n’en suis ni fâché, ni surpris, ni confus.
Si je n’ai pas reçu la plus légere grace,
Je n’ai point essuyé la honte d’un refus.