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à l’aide de quelques vers ronflans.

Il est vraiment plaisant de voir ces conspirations d’écoliers, de prêter l’oreille à ces conjurés qui apprêtent le poignard ou la coupe empoisonnée ; de voir un acteur en instruite un autre, en rimes très-sonores, de sa généalogie, de sa naissance, de l’histoire de ses parens ; d’examiner ces rois tous agissant & parlant de même, n’ayant aucune physionomie distincte, dont, pour plus grande commodité, le poëte a fait des despotes altiers environnés de gardes, comme s’il n’y avoit au monde que cette forme asiatique. Et voilà le fantôme que la nation, par une sotte habitude, adore sous le nom de goût. Elle affecte du mépris pour tout ce qui n’est pas de son crû littéraire ; & dans ces foibles linéamens, où le François seul a reconnu la figure humaine, il a défié néanmoins ses voisins, & semblable au moucheron de la fable, il a sonné la charge & la victoire, en publiant que lui seul avoit un théatre tragique.

Tout philosophe, c’est-à-dire celui qui