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grabats, prennent les instrumens de leur profession, & vont aux atteliers.

Le café au lait (qui le croiroit ?) a pris faveur parmi ces hommes robustes.

Au coin des rues, à la lueur d’une pâle lanterne, des femmes portant sur leur dos des fontaines de fer-blanc, en servent dans des pots de terre pour deux sols. Le sucre n’y domine pas, mais enfin l’ouvrier trouve ce café au lait excellent. S’imagineroit-on que la communauté des limonnadiers, déployant des statuts, a tout fait pour interdire ce trafic légitime ? Ils prétendoient vendre la même tasse cinq sols dans leurs boutiques de glaces. Mais ces ouvriers n’ont pas besoin de se mirer en prenant leur déjeûner.

Au reste, l’usage du café au lait a prévalu, & est si répandu parmi le peuple, qu’il est devenu l’éternel déjeuner de tous les ouvriers en chambre. Ils ont trouvé plus d’économie, de ressources, de faveur, dans cet aliment que dans tout autre. En conséquence, ils en boivent une prodigieuse quantité ; ils disent