Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IV, 1782.djvu/151

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 149 )

les chevaux frappent en vain du pied le pavé. La ville est silencieuse, & le tumulte paroît enchaîné par une main invisible. C’est en même tems l’heure la plus dangereuse, vers le milieu de l’automne, parce que le guet n’est pas encore à son poste ; & plusieurs violences se sont commises à l’entrée de la nuit[1].

Le jour tombe ; & tandis que les décorations de l’opéra sont en mouvement, la foule des manœuvres, des charpentiers, des tailleurs de pierre regagnent en bandes épaisses les fauxbourgs qu’ils habitent. Le plâtre de leurs souliers blanchit le pavé, & on les reconnoît à leurs traces. Ils vont se coucher, lorsque les marquises & les comtesses se mettent à leur toilette.

À neuf heures du soir le bruit recommence :

  1. Un assassin, en 1769, armé d’une fronde courte, avoit déjà, à la mi-octobre, tué trois hommes dans l’espace de six jours, lorsqu’il fut arrêté.