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sans pleurer, & de répondre aux louanges qui pleuvoient, sans regarder ceux qui les leur adressoient.

Aujourd’hui les demoiselles mangent, & ne chantent plus, jouissent d’une liberté décente, regardent autour d’elles, parlent un peu moins que leurs meres, & d’un ton plus bas, & sourient seulement au lieu de rire : elles n’ont que la contrainte qui sied à leur âge, & qui rehausse l’innocence de leurs charmes.

La vraie civilité a banni ces impertinentes politesses, si cheres à nos aïeux. Fondée sur le bon sens, elle n’embarrasse point & ne paroît point gênée ; elle obéit aux circonstances, se plie sans effort à tous les caracteres, ne s’appesantit sur rien, dissimule ce qu’il faut dissimuler, met à son aise autrui, & ne s’égare point, parce qu’elle suit, non des regles absurdes, mais ce que lui dicte une bienveillance raisonnée.

Cette civilité peut même aujourd’hui se passer d’expérience, parce qu’on n’offense