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des laquais portent la queue à une duchesse. Seroit-il possible que des guerriers décorés, à l’appât d’une médiocre ou forte récompense, eussent pu se résoudre à faire la fonction des plus vils de tous les hommes, & cela aux yeux de la nation !

Qui ne croiroit, en voyant la pompe de cette fête, que la ville ne renferme aucun incrédule dans son sein ? Tous les ordres de l’état environnent le saint-sacrement. Toutes les portes sont tapissées ; tous les genoux fléchissent ; les prêtres semblent les dominateurs de la ville ; les soldats sont à leurs ordres ; les surplis commandent aux habits uniformes, & les fusils mesurant leurs pas, marchent à côté des bannieres. Les canons tirent sur leur passage ; la pompe la plus solemnelle accompagne le cortege. Les fleurs, l’encens, la musique, les fronts prosternés, tout feroit croire que le catholicisme n’a pas un seul adversaire, un seul contradicteur ; qu’il regne, qu’il commande à tous les esprits… Eh bien, l’on a admiré la marche & l’ordre de la procession,