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C’est par cette raison qu’on a supprimé le feu de la Saint-Jean, & les feux que l’on tiroit pour la naissance des princes & princesses, ou pour des victoires équivoques. Au lieu de ces stériles jouissances, on marie des filles, on délivre des prisonniers. Eh bien ! ces idées-là sont encore dues à des écrivains patriotiques.

Je voudrois voir tous les artificiers du royaume ruinés : ce luxe de nos fêtes amene toujours quelques accidens ; & comment peut-on se résoudre d’ailleurs à voir sauter en l’air ce qui pourroit suffire à l’entretien & à la nourriture de cent familles pauvres pendant une année ! Comment donner un si grand prix d’un plaisir si court ! J’aime encore mieux les cocagnes de Naples, où les vigoureux lazzarons font un repas qui dure trois jours, & attrapent un gilet par-dessus le marché.

Il est bien inconcevable qu’on ait choisi pour l’exécution de ces feux d’artifice, la place de Greve, qu’on ait vu l’effigie du sou-