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écrivain doit se former de la gloire ? Voilà les fautes où tombent journellement les beaux esprits & les hommes de goût de la capitale. C’est ici qu’il faut citer le fameux docteur Sacroton[1] qu’ils n’ont pas lu pour leur malheur. Il faut apprécier, dit-il, le talent dans la place publique, & jamais ailleurs ; c’est là son vrai jour ; des succès de chambre sont toujours des succès douteux.

On a vu une société intitulée, les Trente, faire paroli aux quarante de l’académie française, établir des lectures publiques, dont plusieurs furent très-intéressantes ; & sans une fatale division (inévitable parmi les beaux esprits) cette société devenoit une académie en regle, qui auroit rivalisé avec la superbe ; un repas chez un traiteur précédoit les lectures. Hélas ! l’esprit chez eux n’étoit jamais à jeun : ainsi faisoient les célebres auteurs du dernier siecle.

  1. Comédie parade en un acte, imprimée à Paris chez la veuve Ballard, imprimeur du roi, rue des Mathurins, 1780.