Page:Mercier - Tableau de Paris, tome III, 1782.djvu/251

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 249 )

mais combien a-t-il ? L’égalité des individus, qui le croiroit ! semble devoir renaître des fermentations même du luxe : en attendant qu’il nous tue, il nous suspend, égaux, sur les bords de l’abyme. Plus de maîtres dans nos cités que ceux qu’on se donne, plus d’esclaves que ceux qui n’ont point d’or : qui a de l’or, peut regarder tout homme en face ; qui a payé l’impôt au souverain, est absolument quitte envers lui.

On se l’arrache, on se le partage, cet or si nécessaire ; & dans ce combat, le vainqueur d’aujourd’hui sera demain vaincu. Qui ne sent que dans un tel choc politique, & sujet à tant de balancemens, les différentes places que chacun occupe, n’admettent point de différences légitimes aux yeux de la raison ; qu’il n’y a d’autre distinction réelle & permanente que l’or ; qu’il faut donc le lancer en tout sens, afin qu’il passe de main en main, & que chacun ait le droit d’en obtenir des parcelles ? Ne sent-on pas que, consacrer d’un côté les monstrueux héritages, & empêcher