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regrat au peuple treize sols la livre[1], est non-seulement falsifié dans son origine, mais de plus rempli de mille ordures qui en composent près de la moitié. La ferme oblige, pour ainsi dire, ces regratiers, à empoisonner les malheureux consommateurs, en leur vendant à eux-mêmes ce sel treize sols : ils n’ont d’autre expédient que de le gâter pour y trouver leur compte ; ils y versent de l’eau, ils y mêlent du sable & des ordures. Un abus aussi intolérable est public.

La ferme est donc coupable d’empoisonnement ; car ce sel analysé offre des matieres étrangeres, & cette falsification dangereuse est l’œuvre de la cupidité financiere. Comment l’ame ne se souleveroit-elle pas d’horreur contre ces impitoyables ennemis des citoyens, qu’on rencontre à chaque pas,

  1. Treize sols une livre de sel ! tandis que la nature le donne à notre royaume presque pour rien.