Page:Mercier - Tableau de Paris, tome III, 1782.djvu/203

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 201 )

chaque citoyen, pompe son sang sans qu’il puisse résister, & le dispense à deux ou trois cents particuliers qui possedent la masse entiere des richesses. Chaque plume de commis est un tube meurtrier qui écrase le commerce, l’activité, l’industrie. La ferme est l’épouvantail qui comprime tous les desseins hardis & généreux. On ne songe plus, dans cette anarchie, qu’à se jeter du parti des voleurs ; & l’horrible finance se soutient par ses déprédations même. Là, enfin on tient école publique de pillages raffinés ; là on offre des plans plus oppressifs les uns que les autres.

La finance est le ver solitaire qui énerve le corps politique. Ce ver absorbe les principaux sucs, fait naître de fausses faims, & tue enfin le sein qui le renferme.

Ce qu’il y a de singulier, c’est qu’on a voulu absoudre la finance, parce qu’elle gagne moins aujourd’hui qu’autrefois ; mais il faut bien que ses gains soient encore immenses, puisqu’elle bataille si vigoureusement pour le maintien de ses opérations. Puissent les