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été jaloux des tables que j’ai pu entrevoir. J’ai vu le riche plus sujet aux maladies qu’un autre. J’étois pauvre, mais je me suis assez bien porté jusqu’à ce jour. Si je reprends la santé, ce que je ne crois pas, j’irai au chantier, & je continuerai à bénir la main de Dieu qui jusqu’à présent a pris soin de moi. Le consolateur étonné ne savoit trop comment s’y prendre avec un tel malade. Il ne pouvoit concilier le grabat avec le langage du mourant. Il se remit néanmoins, & lui dit : mon fils, quoique cette vie ne vous ait pas été fâcheuse, vous ne devez pas moins vous résoudre à la quitter ; car il faut se soumettre à la volonté de Dieu… Sans doute, reprit le moribond d’un ton de voix ferme & d’un œil assuré, tout le monde doit y passer à son tour. J’ai su vivre, je saurai mourir : je rends graces à Dieu de m’avoir donné la vie, & de me faire passer par la mort, pour arriver à lui. Je sens le moment… le voici… Adieu, mon pere.

Voilà le sage, je crois ; & cet homme,