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aient toute liberté d’aller & de venir, & conséquemment de faire l’amour à leur guise. Les autres reçoivent leurs époux de la main de leurs parens. Le contrat n’est jamais qu’un marché, & on ne les consulte point. On appelle grisettes les filles qui peuplent les boutiques de marchandes de modes, de lingeres & de couturieres. Plusieurs d’entr’elles tiennent le milieu entre les filles entretenues & les filles d’opéra.

Elles sont plus réservées & plus décentes ; elles sont susceptibles d’attachement : on les entretient à peu de frais, & on les entretient sans scandale. Elles ne sortent que les dimanches & fêtes ; & c’est pour ces jours-là qu’elles cherchent un ami qui dédommage de l’ennui de la semaine ; car elle est bien longue, quand il faut tenir une aiguille du matin au soir. Celles qui sont sages amassent de quoi se marier, ou épousent leur ancien amant. Les autres vieillissent l’aiguille à la main, ou se mettent en maison.

Or un auteur comique devroit être fort