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du sexe, aux mauvais traitemens qu’il essuie, & aux inconvéniens qui peuvent en résulter, ces créatures étant quelquefois enceintes ; car le libertinage ne les dispense pas toujours d’être meres.

On les conduit dans la prison de la rue S. Martin, & le dernier vendredi du mois elles passent à la police ; c’est-à-dire, qu’elles reçoivent à genoux la sentence qui les condamne à être enfermées à la Salpétriere. Elles n’ont ni procureurs, ni avocats, ni défenseurs ; on les juge fort arbitrairement.

Le lendemain on les fait monter dans un long chariot, qui n’est pas couvert. Elles sont toutes debout & pressées. L’une pleure, l’autre gémit ; celle-ci se cache le visage ; les plus effrontées soutiennent les regards de la populace qui les apostrophe ; elles ripostent indécemment & bravent les huées qui s’élevent sur leur passage. Ce char scandaleux traverse une partie de la ville en plein jour ; les propos que cette marche occasionne sont encore une atteinte à l’honnêteté publique.