mœurs actuelles : la corruption dans le dernier ordre des citoyens, ainsi que dans le premier, n’a presque plus de progrès à faire.
On compte à Paris trente mille filles publiques, c’est-à-dire, vulgivagues ; & dix mille environ, moins indécentes, qui sont entretenues, & qui d’année en année passent en différentes mains. On les appelloit autrefois femmes amoureuses, filles folles de leur corps. Les filles publiques ne sont point amoureuses ; & si elles sont folles de leur corps, ceux qui les fréquentent sont beaucoup plus insensés.
La police va chercher des espionnes dans ce corps infame. Ses agens mettent ces malheureuses à contribution, ajoutent leurs désordres aux désordres de la chose, exercent un empire sourdement tyrannique sur cette portion avilie, qui pense qu’il n’y a plus de loix pour elle. Ils se montrent enfin quelquefois plus horriblement corrompus que la plus vile prostituée ; car celle-ci acquiert le droit de les traiter avec mépris, tant ils