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Mais il y a encore des degrés dans cet abyme de corruption ; l’une se livre tout-à-la fois aux plaisirs & à l’argent ; l’autre est une brute qui n’a plus de sexe, & qui ne sent pas même la dérision qu’elle inspire.

Nous n’offenserons pas ici les oreilles chastes, ni les yeux de l’innocence, en leur présentant les scenes de la débauche & de la crapule ; nous tairons les fantaisies du libertinage, les saillies & les fougues de cent cinquante mille célibataires voués à trente mille prostituées. Elles vont à ce nombre.

Un peintre qui a du génie, M. Retif de la Bretonne en a tracé le tableau dans son Paysan perverti : les touches en sont si vigoureuses, que le tableau en est révoltant ; mais il n’est malheureusement que trop vrai. Arrêtons-nous, & gardons-nous d’épouvanter les imaginations sensibles ; car les désordres voilés de l’humanité ne sont pas bons à mettre au grand jour.

Disons seulement, que le nombre des filles publiques ne favorisant que trop le