Page:Mercier - Tableau de Paris, tome II, 1782.djvu/91

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 89 )

place qu’il faut ; car la foule empressée des fideles la presse & l’environne. Embellie par ces saintes fatigues, en bute à tous les regards, si elle a remarqué qu’on louoit sa taille avantageuse & bien prise, si elle a eu un moment de vanité, l’église lui pardonnera sans doute ce petit mouvement d’orgueil, sur-tout lorsque, rentrant au presbytere, elle aura étalé une bourse bien pleine & que ses charmes ont conquise.

La collation commence ; elle est servie par les amis du curé ; elle reçoit les félicitations des grosses perruques de la fabrique. Un cortege de prêtres & de clercs tonsurés vient à la file & aventurent la galanterie ; le maître des convois a déridé son front ténébreux, & tourne gauchement un madrigal : mais il veut plaire ; le vin coule, les gâteaux sucrés se mangent, & l’on se permet enfin quelques paroles un peu mondaines, en comptant l’argent des charitables mondains.