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su sixieme de son revenu annuel.

Le spoliateur, véritable Prothée, affiche une perfide compassion ; & consommant son hypocrisie, il finit, en joignant les intérêts aux capitaux, par être le possesseur de la plus belle partie des propriétés de celui qu’il appelloit son pupille.

L’instant du réveil est marqué par l’effroi, la surprise, le désespoir, les traits brûlans de la plus juste indignation : mais c’est en vain, tout est en réglé ; les loix ne pourront que confirmer l’indigne possession du traître ; les tribunaux seroient pour lui, si la partie lésée les réclamoit. La déroute du jeune homme ruiné ne peut qu’en éclairer un autre sur cette fascination qui conduit tant de victimes au précipice. Le nouveau propriétaire, dans sa voiture, éclabousse le malheureux déconcerté, qui file à pied le long des maisons.

Il n’est pas rare de voir tel homme d’affaires nanti de la plus belle terre de son client, le procureur posséder quatre de ses