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mencé à mettre le parterre en petites loges, sens que personne ait eu le mot à dire.

Si le public se plaint de voir les comédiens disposer ainsi de la salle, une petite-maîtresse s’écrie : « Comment ! l’on veut m’astreindre à entendre une comédie toute entiere, pendant que je suis assez riche pour n’en écouter qu’une scene ? Oh, c’est une tyrannie ! Il n’y a plus de police en France : puisque je ne peux pas faire venir la comédie chez moi, je veux au moins avoir la liberté d’y arriver à sept heures, d’y paroître en simple déshabillé, comme lorsque je sors de mon lit. Je veux y apporter mon chien, mon bougeoir, mon vase de nuit : je veux jouir de mon fauteuil, de ma dormeuse, recevoir l’hommage de tous mes courtisans, m’en aller avant que l’ennui me saisisse : me priver de tant d’avantages, c’est attenter à la liberté que donnent le bon goût & la richesse[1]. »

  1. Ce morceau avec des guillemets est pris