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sifflets ; & les huées les plus universelles n’arrivent plus à son oreille que comme un murmure doux & passager. Rentré dans la coulisse, il s’essuie le front, & tout est oublié jusqu’au lendemain, où le barbare recommence à nous assassiner.

Le critique vigilant, qui au nom du public poursuivroit ce cruel ennemi de ses plaisirs, le chasseroit infailliblement de la scene, ou l’obligeroit à vaincre par ce travail les défauts qui le rendent insupportable.

Le même censeur intimideroit la paresse, rappelleroit au théatre (qui le paie) le comédien avide, qui s’en éloigne la moitié de l’année, & qui ose ensuite toucher un argent qui ne lui est pas dû. Il donneroit en même tems de justes louanges à l’acteur zélé & assidu, & sur-tout à celui qui se prêteroit le plus aux nouveautés théatrales ; tandis qu’il feroit sentir que, si tel autre s’y refuse, c’est autant par l’incapacité de saisir un rôle qu’il n’a pas joué trente fois, que par l’indifférence la plus coupable pour son art. Tel