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intérieure tient le parterre dans un état passif ; & qu’il soit ennuyé, ou foulé, ou brisé, il n’a pas le droit de marquer la gêne ou son mécontentement.

Ce pauvre public paie néanmoins pour prendre ce qu’on lui donne, & non ce qu’il desire. Les fusils l’environnent, & il lui est tout aussi défendu de rire un peu trop haut à la comédie, que de sanglotter un peu trop fort à la tragédie.

Le parterre, excepté dans quelques fievres passageres, est d’un morne effrayant. Et qu’il veuille manifester son existence, des soldats sont là pour saisir les gens au collet.

On vous mene ensuite chez un commissaire ; mais c’est l’officier de garde qui vous juge réellement, sur le rapport incertain de la sentinelle. Le commissaire n’est là que pour sauver les apparences : vous êtes condamné militairement ; c’est l’officier qui vous envoie en prison : car le commissaire donne aveuglément sa signature, d’après le rapport de l’homme à l’habit bleu.