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c’est l’ignorance honteuse où sont plongés tous ces faiseurs de nouvelles, tant sur le caractere que les forces & la situation politique de la nation Angloise.

On ne raisonne pas mieux, il faut l’avouer, dans les sallons dorés. Les François en général traitent l’Anglois, quand il n’est pas présent, avec un ton de supériorité, un ton hautain, un ton de mépris, qui fait déplorer l’aveuglement des détracteurs : rien ne prouve mieux qu’aucun peuple n’est plus soumis aux préjugés nationaux que le Parisien. Il croit comme article de foi tout ce que lui dit la gazette de France ; & quoique cette gazette mente impudemment à l’Europe par ses éternelles omissions, le bourgeois de Paris ne croit à aucune autre gazette, & il soutiendra toujours qu’il ne tient qu’à la France de subjuguer l’Angleterre : il affirmera que, si l’on ne fait pas une descente à Londres, c’est qu’on ne le veut pas ; & que nous pouvons interdire à cette nation la navigation, même sur la Tamise. Il faut écouter toutes