bilité de s’estimer ce qu’ils valent réellement.
Comparez ensuite un coursier d’Afrique, léger, ardent, aux jarrets nerveux & souples, à l’œil étincelant de fierté, plein de feu, d’agilité & de graces ; comparez-le avec un cheval du Holstein, aux jambes flasques, grossier, pesant, d’une chair mollasse : croira-t-on que ces deux animaux sont de la même espece ? Comparez deux hommes, que dis-je ! deux écrivains ; c’est la même différence.
Newton voit une pomme tomber d’un arbre : il médite, & conçoit le systême de la gravitation. Un autre, sans s’embarrasser du pouvoir qui enchaîne les planetes dans leurs orbites, voit tomber la pomme, la ramasse, & la mange. Ainsi dans Paris, l’homme qui a du génie, l’augmente, le fortifie, lui donne un développement extraordinaire, tandis que le sot a les yeux ouverts sans rien voir, mange la pomme sans songer à l’arbre de la science, & devient plus sot encore.