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roient cependant à s’y appliquer davantage ; & le métier des armes auroit besoin de l’étude de l’histoire & d’une connoissance plus approfondie des hommes.

Un grand avantage à Paris, c’est qu’on n’y voit pas ces commandans, ces lieutenans de roi, ces majors de place, qui s’érigent en petits tyrans dans nos villes frontieres, qui humilient le bourgeois, ou le vexent. M. le commandant, sous le prétexte du bien du service, n’y ordonne point des patrouilles & des exercices, & ne fait pas des loix de ses petites volontés.

Aucun militaire ici n’a le droit d’être insolent ; & quand on a vu de quelle maniere les officiers hautains traitent les habitans d’une petite ville, on compte pour quelque chose d’être loin des ordres capricieux que donnent tous ces majors de place.

Le luxe de la capitale tue, non le courage, mais le génie belliqueux de nos officiers. Les délices d’une vie efféminée & sensuelle sont incompatibles avec les travaux & les fatigues