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de mépriser tous les états, de s’étonner qu’il y ait d’autres professeurs dans le monde que des ingénieurs, & de vouloir presque qu’un souverain n’accorde des récompenses & des appointemens qu’à ceux qui servent dans ses armées. Ils ont beaucoup de peine à s’imaginer qu’il existe une autre gloire que celle qui s’acquiert au bruit des canons, à la décharge des mousquets & au flamboyant de l’épée.

La guerre ne dure pas toujours : la paix en général est plus longue. Tel officier parvient à une longue vieillesse sans avoir représenté trois fois dans les batailles. Le plus grand nombre aujourd’hui n’a jamais vu le feu, & ils veulent qu’on honore leur bravoure, comme s’ils exposoient chaque jour leur vie pour la défense de l’état.

Un grenadier en fait autant qu’eux ; mais comme il n’a que huit sols par jour, il ne jouit pas de la même considération que celui qui dit à tout propos, ma troupe, ma compagnie, mon régiment.