Page:Mercier - Tableau de Paris, tome II, 1782.djvu/118

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 116 )

aux anciens, & ne se la font jamais à eux-mêmes.

Quand ils ont démontré le vice d’une période, décomposé un hémistiche, & souligné quatre à cinq mots, ils se croient les restaurateurs de la poésie & de l’éloquence ; ils vont d’une injustice à une injustice plus grande, d’une méchanceté à une méchanceté plus injurieuse. Voués au journalisme, ce mélange absurde du pédantisme & de la tyrannie, ils ne seront bientôt plus que satiriques ; & ils perdront avec l’image de l’honnête le moral des idées saines.

Cette tourbe subalterne donne seule au public ce scandale renaissant, dont il s’amuse, & qu’il voudroit malignement rejeter sur les gens de lettres honnêtes & silencieux ; mais le public sait bien qu’il y a autant de distance entre ces aboyeurs & les écrivains, qu’entre des recors & des juges assis sur leur tribunal. Tout ce tapage littéraire fournit néanmoins un aliment à l’insatiable voracité de ce public pour tout ce qui respire la critique, la satire