nez avec une justesse infime ; mais ce Deslandes est bien l’homme du monde le plus ignorant & le plus pitoyable. Cette scene étoit des plus divertissantes, & je ne doute point qu’elle ne se renouvellât entre les auteurs qui se montrent les plus acharnés l’un contre l’autre, pour quelques atteintes portées à leur amour-propre.
On avoit proposé à Élie-Catherine Fréron, dont la physionomie n’étoit pas connue de François-Marie Arouet de Voltaire, d’aller à Ferney rendre une visite à ce grand poëte, sous un nom supposé ; mais Fréron ne prit pas sur lui-même de jouer un tour semblable à l’auteur de l’Écossaise.
Voltaire fuyoit Piron dans cette immense ville ; il redoutoit ses sarcasmes : il lui échappa tant qu’il fut à Paris ; & la rencontre que plusieurs plaisans attendaient & provoquoient, n’eut jamais lieu.
L’inimitié n’y a pas l’ardeur qui distingue les haines si violentes dans les petites villes, parce qu’on échappe à son ennemi & à