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d’une revue, d’une fête publique. Six heures après, cette foule immense se dissipe ; chacun retourne chez soi : la place dont les limites étoient serrées, dont les barrieres étoient renversées par l’affluence prodigieuse du peuple qui crioit miséricorde, se vuide, demeure nue & déserte ; & de tant d’hommes assemblés & pressés, chacun a son asyle ou son trou à part.

Le jour de la promenade de Long-Champ, toute la ville sort, quelque tems qu’il fasse : c’est le jour marqué par l’usage, pour faire voir à tout Paris son équipage, ses chevaux & ses laquais. On ne fait point la révérence à la promenade, comme dans un sallon ; celle-là a un caractere de légéreté que n’attraperoit jamais le plus leste étranger.

Depuis le désastre arrivé à la place de Louis XV, il y a dix années, où quinze à dix-huit cents personnes furent étouffées, à la suite d’un déplorable feu d’artifice, il y a beaucoup d’ordre & d’exactitude dans toutes les fêtes publiques, & l’on ne sauroit don-