Page:Mercier - Tableau de Paris, tome I, 1782.djvu/329

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 308 )

fourbe, un fripon. On penche pour des maximes tolérantes & moins séveres que celles qui régnoient chez nos aïeux, qui ne recevoient point avec amitié des gens qu’ils méprisoient. On s’éleve dans ce dialogue contre le moraliste austere qui exigeroit que chaque homme sentît ce zele utile & profond qui proscrit le méchant.

Loin de traiter rigoureusement l’homme diffamé, le poëte a fait ce vers qui est devenu proverbe :

Et je soupe à merveille à côté d’un fripon.

Il me paroît qu’il vaudroit mieux souper chez soi moins délicatement, & souper avec de bonnes gens & d’honnêtes gens. Le voisinage d’un fripon doit nuire, si je ne me trompe, autant à l’appétit qu’à la cordialité. L’auteur du dialogue, on le sent bien, a voulu satisfaire à la fois la morale & la prudence : mais que restera-t-il donc à l’honnête homme, si l’on fait à peu près le même accueil au fripon ?

Au reste, je ne condamne point le poëte,