Page:Mercier - Tableau de Paris, tome I, 1782.djvu/264

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 243 )

emprunts ; ils ne se lassent point d’aspirer tout l’or qu’on leur présente.

La soif de l’hydropique, comme on sait, redouble en buvant : on prend toujours ; on sait que les maladies épidémiques soulageront les paiemens de l’hôtel-de-ville : on sait qu’il y a à gagner beaucoup en jouant, pour ainsi dire, de concert avec la mort ; & que la faux rapide moissonne, dans tel intervalle, plus de têtes que n’en comportent les tables de probabilités, dressées par des calculateurs qui ne sont pas financiers. Les payeurs des rentes savent ce que rapportent au trône les hivers humides & longs ; & les princes, non moins affamés d’argent, voudroient bien imiter le monarque, qui ne chassera jamais les médecins de ses états, ainsi que fit jadis le sénat de Rome.

Mais comment un gouvernement sage a-t-il pu ouvrir la porte aux nombreux & incroyables désordres qui naissent des rentes viageres ? Les liens de la parenté rompus, l’oisiveté pensionnée, le célibat autorisé,