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À dîner, la soupe, le bouilli ; le soir, la persillade ou le bœuf à la mode ; le gigot ou l’éclanche, le dimanche ; presque jamais de poisson ; rarement des légumes, parce que l’accommodage en est toujours cher : voilà sa nourriture habituelle ; ainsi vivent les trois quarts & demi des habitans de cette ville, dont le séjour est si envié des provinciaux, qui ne font pas chez eux une si maigre chere.

Plus les classes sont indigentes, plus il leur en coûte pour se nourrir. Il y a de pauvres ménages, où un cervelat de trois sols compose toute la bonne chere, parce que les facultés n’ont pu s’étendre au-delà. Or la viande mal-saine du cervelat se vend sur le pied de dix-huit sols la livre : le prince le plus opulent ne paie point à ce prix-là ce qui est servi sur sa table.

Les Parisiens se sont amusés, pendant quelques années, des expressions burlesques & des juremens des poissardes : on copioit leur ton. Vadé s’est distingué en ce genre ; mais