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filles abusées vont le chercher vainement dans le tumulte du monde. Les détails de la table, du logement, de l’entretien, exerçoient leurs facultés ; l’économie soutenoit les maisons les plus opulentes, qui s’écroulent aujourd’hui. La femme paroissoit s’acquitter d’une tâche égale aux travaux du mari, en embrassant cette infinité de soins qui regardent l’intérieur. Leurs filles, formées de bonne heure, concouroient à faire régner dans les maisons les charmes doux & paisibles de la vie privée ; & l’homme à marier ne craignoit plus de choisir celle qui, née pour imiter sa mere, devoit perpétuer la race des femmes soigneuses & attentives.

Que nous sommes loin de ces devoirs si simples, si attachans ! Une conduite réglée & uniforme feroit le tourment de nos femmes ; il leur faut une dissipation perpétuelle, des liaisons à l’infini, tous les dehors de la représentation & de la vanité. Elles ne sont jamais bien dans toutes ces courses, parce qu’elles veulent être absolument où la nature