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femmes qui bordent la grande allée, serrées les unes contre les autres sur une longue file de chaises, regardant avec autant de liberté qu’on les regarde, ressemblent à un parterre animé de plusieurs couleurs. La diversité des physionomies & des atours, la joie qu’elles ont d’être vues & de voir, l’espece d’assaut qu’elles font lorsque sur leurs visages brille l’envie de s’éclipser ; tout ajoute à ce tableau diversifié qui attache les regards & fait naître mille idées sur ce que les modes enlevent ou ajoutent à la beauté, sur l’art & la coquetterie des femmes, sur ce desir inné de plaire, qui fait leur bonheur & le nôtre.

Les vertugadins de nos meres, leurs étoffes tailladées de falbalas, leurs épaulettes ridicules, leurs enceintes de cerceaux, cette multitude de mouches, dont quelques-unes ressembloient à de véritables emplâtres, tout cela est disparu, excepté la hauteur démesurée de leurs coëffures : le ridicule n’a pu corriger ce dernier usage ; mais ce défaut