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figure porte une empreinte féroce & sanguinaire, les bras nus, le col gonflé, l’œil rouge, les jambes sales, le tablier ensanglanté ; un bâton noueux & massif arme leurs mains pesantes & toujours prêtes à des rixes dont elles sont avides. On les punit plus sévérement que dans d’autres professions, pour réprimer leur férocité ; & l’expérience prouve qu’on a raison.

Le sang qu’ils répandent, semble allumer leurs visages & leurs tempéramens. Une luxure grossiere & furieuse les distingue, & il y a des rues près des boucheries, d’où s’exhale une odeur cadavéreuse, où de viles prostituées, assises sur des bornes en plein midi, affichent publiquement leur débauche. Elle n’est pas attrayante : ces femelles mouchetées, fardées, objets monstrueux & dégoûtans, toujours massives & épaisses, ont le regard plus dur que celui des taureaux ; & ce sont des beautés agréables à ces hommes de sang, qui vont chercher la volupté dans les bras de ces Pasiphaé.