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pèces de journaux privilégiés, s’ils perdent de vue le langage libre de la vérité, ne seront plus que des Journaillons.

Journalisme. On prétend qu’une ville immense comme Paris, a un besoin journalier de petites satires, pour repaître son inquiétude et son agitation perpétuelle. Il avait bien raison, celui qui a dit, le premier, qu’une bonne injure était toujours mieux reçue qu’un bon raisonnement. Voilà la théorie du Journalisme tracée en deux mots.

Journalisme. Nous avons vu, il y a peu de temps, des écrivains qui, au nom du goût, mordaient et déchiraient. — Tous frappaient et étaient frappés. — On croyait voir des écoliers qui avaient dérobé une lourde férule, qu’ils s’arrachaient tour-à-tour, et dont ils se donnaient des coups violens. — Voués au Journalisme, ce mélange absurde du pédantisme et de la tyrannie, ils ne furent bientôt plus que des satiriques, et perdirent, avec l’image de l’honnêteté, le moral des idées saines.

Jouteur. En condamnant les débats vifs et quelquefois scandaleux des gens de lettres, le public fait l’hypocrite : il y trouve trop bien son compte ; il devient spectateur d’une guerre ridicule qui l’amuse fort ; il aime à donner la palme au plus rude Jouteur, à celui qui lance