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par la faculté de s’enrichir encore, qu’elle est distinguée des langues mortes, qui ne sont plus qu’un immuable dépôt confié par chaque siècle au siècle qui le suit ?

Pauvres et orgueilleux, combien nous différons des anciens, qui, tout riches qu’ils étaient, rendaient tributaires de leur langue et de leur législation, la législation et la langue de leurs voisins, même des peuples vaincus !

Du besoin de créer, dérive la nécessité de Néologuer. L’originalité d’un beau génie s’empreint dans ses discours et dans ses écrits. Voltaire, Helvétius, J. J. Rousseau, ont accru les ressources et les nuances de l’élocution, parce qu’ils ont étendu l’empire de l’esprit humain.

Combien de fois, dans des circonstances inattendues, la tribune publique a-t-elle retenti d’ex pressions sublimes et de tours de phrase jusqu’alors inouis ?

La Néologie est, en quelque sorte, l’échelle qui sert à mesurer l’espace que l’esprit humain a parcouru depuis une époque donnée. Elle indique les progrès qu’ont fait les sciences, les arts ; les méthodes diverses, l’éloquence, et surtout le droit public, la plus utile de toutes les sciences, lorsque l’application de ses principes est franche et courageuse ; lorsque, par une impolitique condescendance pour les systèmes et les préjugés qu’elle a détruits, on ne la réduit