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don de plaire à l’oreille, et la faculté de parler à l’esprit.

Parmi ces Néologies, quelques-unes se traînent, incertaines de leur destinée, à la suite de leurs sœurs plus heureusement nées, et mendient aux portes de l’Institut, les honneurs de l’adoption.

Mais les organes de la nation française, en tout ce qui forme le domaine de l’esprit humain, ne reconnaîtront jamais pour légitimes productions du génie de notre langue, des mots barbares, des élocutions bizarres, grossiers enfans de ce vandalisme qui révolutionna tout, et la révolution elle-même.

Un caractère auguste signala les premières inspirations de la liberté, et le langage des Français n’eût pas manqué de se mettre en parfaite harmonie avec elle, si le flambeau de la philosophie eût continué de les éclairer.

C’est ici le lieu d’observer que les auteurs d’un dictionnaire ne sont ni des juges, ni des arbitres ; que la nouveauté n’est pas un titre de proscription, et qu’un mot appartient à la langue, alors qu’il est marqué au coin de l’usage ; que si les institutions littéraires sont chargées de préserver le langage national de toute corruption, elles n’en doivent pas moins favoriser ses progrès. Les sociétés savantes sont les gardiennes de la loi ; mais le droit de la perfectionner ap-