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parvenu à des conceptions nouvelles, il sent le besoin de créer des signes nouveaux.

Le génie de la révolution fut créateur aussi. D’autres idées et d’autres combinaisons opérèrent des changemens analogues dans le langage.

Les Néologies qu’elle a produites, seront soumises à l’épreuve de l’usage. Un double mérite sollicite leur admission. Elles sont en même temps des signes d’idées neuves et des monumens précieux de notre histoire.

La vie d’une langue est celle du peuple auquel elle appartient. Les auteurs Néologues enrichissent les langues vivantes dans la proportion des communications entre les hommes qui les parlent, et des hommes de génie qui s’en servent ; et cette loi générale est plus ou moins fécondée par l’influence du climat, du régime intérieur, de la liberté d’écrire, ainsi que par les événemens.

Créé par le besoin, et nationalisé par le goût, un signe nouveau est accueilli comme un enfant de la famille ; son droit est certain, alors que son utilité est sentie.

Le dédain et le rebut seront au contraire le sort d’un bâtard réprouvé par le génie de la langue.

Des choses nouvelles ont-elles nécessité des signes nouveaux ? une prompte adoption consacre au commun usage ceux qui ont reçu le