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Ce mot lui seul est une longue histoire ; il reproduit à l’esprit cette longue série d’opérations, ces tours d’adresse et même de force par lesquels des génies transcendans ont, dans les circonstances les plus difficiles, libéré l’état, sans toucher au trésor public, et versé de grosses sommes dans la caisse du créancier, sans lui rien donner.

C’est une chose bien mobile en effet, que les fortunes, lorsqu’elles reposent sur la foi de financiers qui repoussent les règles du sens commun, et se livrent à la manie des systèmes.

La banqueroute, le bouleversement des fortunes, une démoralisation générale, en sont les infaillibles résultats.

Ruiner les citoyens, afin de pourvoir aux besoins du gouvernement, c’est un calcul bien différent de celui que fesait Sully.

Il savait que solidité et crédit, c’était la même chose ; que Mobiliser ou prendre dans les poches, c’était aussi la même chose.

Pourquoi tel ou tel ministre n’a-t-il pas su ce que tout le monde sait ? Le gouvernement eût beaucoup gagné, et les créanciers n’auraient rien perdu.

Ce n’est pas perdre, que de faire des sacrifices pour subvenir aux besoins de la république.

Il n’y a plus rien à Mobiliser, si ce n’est les Mobilisateurs.