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décoré d’une éclatante célébrité, et presque appelé à sa barre par la majorité même des législateurs ; cette mémorable victoire les rendit vains et présomptueux. Trop redoutables pour n’être pas sans cesse observés, on essaya, pour ramollir ces âpres républicains, les louanges et les caresses ; on flatta leur amour-propre, on tenta leur ambition. Quelques-uns d’eux négocièrent avec la cour ; et cette faute si funeste à leur parti, le fut à la cause de la liberté, dont ils parurent moins dignes d’être les défenseurs.

La flatterie qui remonte des derniers rangs au rang suprême, produit des effets moins sûrs que ne font les caresses de celui qui peut tout, lorsqu’il descend dans la foule, pour y chercher et placer près de lui les hommes dont les talens décèlent l’ambition, ou dont les grandes vertus fixent les regards du peuple.

On a dit que le sage Solon n’avait pas été insensible à cette séduction. La vie entière de ce grand homme dépose contre ce jugement. En consentant à éclairer de ses conseils l’administration de Pisistrate, Solon ne consulta que l’intérêt de la patrie et son devoir. Ses droits, ses services, son amour-propre, tout fut immolé à cette haute considération, que sa présence au conseil d’état modérerait l’ambition de l’usurpateur. Tout n’est pas désespéré, quand dans une république telle qu’Athènes, le pouvoir