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Ils furent pour Marat, la tête de Méduse, tandis qu’ils opposèrent à ses sanguinaires vociférations leur mépris, et l’indignation des gens de bien.

Leur victoire sur ce vil instrument de la démagogie suburbaine, le doua tout-à-coup d’une force colossale que Robespierre sut s’approprier. Le décret d’accusation fit de Marat le héros du parti le plus redoutable, celui qui ne raisonne jamais, et qu’on fanatise à volonté.

Qu’il est inexplicable, ce fatal aveuglement qui ne permit pas aux Girondins de prévoir les suites de leur triomphe !

En vain les conseils de la sagesse entreprirent de calmer ces ames généreuses ; elles n’étaient plus en état de comprendre qu’en brisant le talisman de l’inviolabilité, elles changeraient les séances de la législature en une arène de gladiateurs, et que bientôt semblable à Saturne, comme l’a dit un d’eux, la révolution dévorerait ses propres enfans.

Robespierre ramassa et tourna contre le parti Girondin, l’arme qui n’avait fait que blesser Marat. Elle eut en peu de jours moissonné tout homme dont le caractère et le mérite pouvaient inquiéter ce démagogue ombrageux.

L’essai que les Girondins avaient fait de leur éloquence, dans l’assemblée législative, contre un homme qui s’y présentait au nom de l’armée,