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rangés parmi les représentans du peuple qui ont servi le plus sincèrement cette belle cause.

Dès leur entrée dans l’arène, leur dévouement éclata, pur et sans bornes. Il ne s’est démenti ni dans le cours, ni au terme fatal de leur carrière. La vertu les arma d’intrépidité pour combattre, d’héroïsme pour mourir.

Une trop grande estime d’eux-mêmes leur fit commettre les graves erreurs qui causèrent leurs propres infortunes, les malheurs de la patrie.

Les promesses de la renommée les aveuglaient, même au bord du précipice.

Ils déversaient sur la médiocrité, un dédain offensant dont leurs ennemis profitèrent. Ils ne se doutaient pas qu’aigrie par la haine, et s’exhaussant par l’audace, la médiocrité peut écraser le génie sous la massue d’une multitude égarée.

En se croyant invulnérables, ils invitaient leurs ennemis à leur donner la mort. Il n’y a pas d’arche sainte pour la haine, l’énergie et l’ambition.

Les Girondins jetèrent un grand éclat sur la révolution, et ne surent point en diriger la marche.

Ils l’auraient puissamment servie, s’ils s’étaient bornés à combattre les fausses doctrines.

L’esprit de système gâta leur bon esprit, et leurs ames, si capables de réprimer la haine, s’ouvrirent à cette funeste passion.