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CAU

craint pas de se laisser voir, de se laisser connaître, qui aime à se rendre compte à elle-même et aux autres, à régulariser ses positions et ses mouvemens, par cette comptabilité intime et amicale, et à fortifier, en quelque sorte, le ressort de sa moralité et de sa conscience, en joignant la force, la chaleur et la lumière des plus douces affections.

La Causerie est le moment, le véhicule des confidences, des aveux ; elle instruit sur eux-mêmes, ceux qui s’y livrent ; elle leur révèle leurs propres secrets, qu’ils parviennent ainsi à démêler et à reconnaître. Elle apprend bien plus que de gros livres sur les passions, leurs ruses, leurs sophismes, leurs piéges en général sur le cœur humain.

Un jeune homme peut avoir de très-agréables, de très-instructives Causeries, même avec une femme âgée ; mais il faut qu’il y ait de l’amitié. On a des conversations à la ville ; on a plus aisément, plus volontiers des Causeries à la campagne. Ce précieux genre de communication suppose une connaissance intime à laquelle toutes les parties intéressées n’ont qu’à gagner. Des amis peuvent s’inviter à une Causerie le soir, comme l’on s’invite à un thé.

Une mère fait la Causette avec l’un de ses enfans âgé de six ans, et une Causerie avec son fils