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ROS

n’a pas songé aux sons brillans et délicats du plus petit de nos oiseaux, le roitelet ; on néglige celui de la linotte, qui semble ne commencer sa douce mélodie que pour la faire desirer. Personne ne s’est avisé de nous peindre le rouge-gorge aux grands yeux noirs et brillans ; perché sur une branche sèche, ou sur l’angle d’une humble cabane, il invite ses paisibles habitans à saluer les derniers rayons du soleil qui va bientôt disparaître, et prolonge fort avant dans la nuit, ses cadences plaintives et touchantes.

Qui connaît l’Évêque, ainsi nommé à cause de ses ailes pendantes et violettes, et dont le corps est couvert de plumes d’un beau bleu entremêlé de nuances rouges ? L’Évêque dont le gosier est si flexible, les tons si variés, le ramage si tendre, n’est guères plus gros que le roitelet.

Il déploie son chant mélodieux pendant douze à quinze minutes, et module en aspirant. Il se repose une demi-heure, pour laisser à l’écouteur le plaisir de l’admirer, et le temps de se préparer à l’entendre une seconde fois ; mais l’Évêque est américain, l’Évêque naît et chante dans les forêts de la Louisiane.

Si c’est le son seulement qui nous plaît, pourquoi oublions-nous l’alouette, le serin instruit, le bouvreuil de petite espèce, dont les sons flûtés touchent, pénètrent et transportent les plus