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OUB

Oubliable. Mirabeau, en parlant des Lettres de son père, dit qu’il fut un temps où il était regardé comme un fils chéri, un conseil estimé, un coopérateur utile et nécessaire. Il ajoute : « Les Éphémérides, si tant est qu’elles existent encore, renferment de pareils éloges ; si elles sont aussi oubliées qu’Oubliables, laissons en repos les cendres des morts, et qu’on daigne demander à messieurs… etc. »

Oubliable. Une bévue, une sottise, une injure de notre cher voisin est Oubliable : un crime, une trahison, ne le sont pas.

Oubliance. Ce qu’il y a de plus nécessaire au repos, au bonheur de la vie, c’est l’Oubliance des injures passées. Oui, pour être heureux, il faut pardonner, c’est-à-dire, oublier beaucoup.

Oublieur. On est Oublieur par distraction, par préoccupation, par indifférence. L’ingrat, pour se justifier, se dit Oublieur. L’Oublieur de toute injure sera l’homme le plus véritablement disposé pour le bonheur. Oublier et pardonner, telle est la devise du sage. Voltaire était le moins Oublieur des hommes.

Oublieux. En France, il faut regarder la gloire comme une maîtresse Oublieuse et peu indulgente. En être aimé la veille, n’est pas un titre pour le lendemain. (Mme Necker.)