Cette page a été validée par deux contributeurs.
Lorsque l’institut national forma le projet
relatif à la continuation du Dictionnaire de la Langue Française, j’avais déjà fait
le mien, celui que je publie, d’un genre absolument
nouveau, et le plus hardi, je pense, de
tous ceux que l’on a vus jusqu’à ce jour. Cet
ouvrage appartenait de droit à l’indépendance
absolue de mes idées. La nation entière en
sera le juge, mais dans le temps ; je prêterai
peu l’oreille à la génération actuelle
des littérateurs, parce qu’elle n’est pour
moi qu’un parterre qui doit se renouveler
demain. L’homme qui pense ou qui sent
ses forces, n’écrit pas pour un seul parterre.
Que l’on ne m’appelle point un nouveau Furetière[1], je suis en plein accord avec
- ↑ Les démêlés de Furetière avec l’Académie française, au sujet de son Dictionnaire, ont produit des mémoires et factums très-curieux à consulter aujourd’hui ; car rien ne prouve mieux que les hommes de lettres sont des triangles qui jettent tout leur esprit d’un seul côté. Il y a presque impossibilité qu’un bon Dictionnaire soit l’ouvrage d’une société de savans. Furetière nous peint les académiciens de ce temps-là, qui s’imaginaient que la langue leur appartenait, comme la barberie exclusive appartenait alors aux maîtres