Page:Mercier - Le Nouveau Paris, 1900.djvu/96

Cette page a été validée par deux contributeurs.

burlesques, ces fantasques désirs de l’extravagance, qui annonçaient un peuple subitement licencié, et voulant réparer dans un jour la pénible contrainte où il avait gémi pendant plusieurs siècles : et l’on peut m’en croire ; tous les spectateurs, comme assistant à une nouveauté inouïe, partageaient la bruyante allégresse de la multitude et de ses marottes. Momus agitait donc tous ses grelots dans cette immense ville ? On donne dans les spectacles la farce après la tragédie ; mais ici c’était la farce qui précédait les scènes tragiques.


FUNÉRAILLES DE MICHEL LEPELLETIER



Il avait voté, d’après sa conscience, la mort du roi ; un ancien garde du corps cherchait le duc d’Orléans, dans le dessein de le poignarder, et de le faire servir de compagnon à la grande victime, ne le trouvant pas, il entra chez un restaurateur, et ayant appris qu’il y avait là un représentant du peuple qui avait aussi voté la mort du roi, il paya pour le duc d’Orléans. Le garde du corps tira de dessous son manteau un large coutelas dont il lui perça le côté ; après ce coup, il s’évada. On saura peut-être un jour ce qui prépara et détermina cet étrange assassinat. On fit tenir à l’homme expirant des paroles qui ne furent jamais prononcées[1].

On ordonna une pompe funèbre en l’honneur de Michel Lepelletier ; cette cérémonie avait un caractère excessivement remarquable ; on plaça le cadavre sur la base ruinée de la statue équestre de Louis XV au milieu de la place Vendôme. Là, fut prononcée son oraison funèbre par une

  1. D’après Félix Lepelletier, frère de Michel, celui-ci aurait dit en expirant : « Je meurs pour la liberté de mon pays. »