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nature et par leur utilité s’élèvent dans toutes les grandes circonstances, et conviennent surtout au jour de la tempête. Ce sont les lois politiques qui avaient voulu l’inviolabilité du roi, afin qu’il fût impassible dans l’exercice de ses sublimes fonctions. Les mêmes lois politiques ont prononcé la déchéance de la royauté, parce que la royauté allait opérer la dissolution de l’état et qu’il n’y avait plus de milieu entre la désorganisation et la république. Ainsi, ce n’est plus la jurisprudence qu’il faut suivre, puisque c’est l’insurrection qui a dit : Abattez le pouvoir. La Convention n’a pu ni déléguer cette autorité, ni créer un tribunal.

« Consultons donc les lois politiques, et mettons de côté les lois abusives et chicanières. Les fondateurs de la liberté ne doivent point s’engager dans des questions tortueuses et les ambages du barreau. Une philosophie trop timorée, comme le cri féroce du maratisme, nous égarerait en ce moment.

« Qu’exige le rétablissement de la république, qu’exige l’intérêt national ? Je vois d’un côté une nation, de l’autre un individu. Cet individu mérite la mort, puisqu’il a compromis la sûreté publique et qu’il a été l’ennemi de la patrie : mais cet individu, quoique déplacé de sa sphère rayonnante, est encore un demi-dieu pour des adorateurs fanatiques. Les autres voient en lui le dépositaire de richesses immenses qu’il distribuait à ses favoris ; et ils voudraient rétablir le dépositaire. Tous ceux qui aiment l’or, regrettent le grand distributeur. D’autres se mettent en idée à sa place, et s’intéressent au criminel par la hauteur de sa chute. Le politique ne voit que le parricide national ; il ne balance pas à dire : Le chef de tant de conspirations, à qui le peuple a trop de fois pardonné, ne doit plus rencontrer que des lois inexorables : le roi qui se disait le Palladium de la constitution, et qui agit contre la constitution au nom de la constitution, mérite la mort. La patrie au bord du précipice, crie à tous les représentants du peuple : À moi, Vengeurs !

« Sous cet aspect, et le seul que la raison politique puisse