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un conspirateur audacieux, qui voulait asseoir la dictature sur les débris de la représentation nationale ; cependant Robespierre ne cessait de parler de ses vertus civiques, de son désintéressement ; ce misérable quitta la place d’accusateur public au tribunal criminel de Paris, pour vivre, disait-il, dans la retraite ; il avait imprimé qu’il n’était point intrigant, qu’il ne voulait aucune place, qu’il n’en acceptait aucune, et, tout à coup, il fut se nicher dans le conseil général de la Commune et de là au Capitole.

Les prêtres, renfermés dans l’église des Carmes, furent tous massacrés à l’exception d’un seul ; on les faisait sortir les uns après les autres, et souvent deux ensemble ; d’abord les assassins les tuèrent à coups de fusils ; mais sur l’observation d’une multitude de femmes, qui étaient là présentes, que cette manière était trop bruyante, on se servit de sabres et de baïonnettes. Ces malheureuses victimes se prosternaient au milieu de la cour, et se recueillaient un instant, abandonnées de la nature entière, sans appui, sans autre consolation que le témoignage de leur conscience ; ils élevaient les yeux et les mains vers le ciel, et semblaient conjurer l’être suprême de pardonner à leurs assassins.

Vous, partisans de ces massacres, conjurés féroces, qui n’avez cessé de tromper la multitude crédule, direz-vous qu’il était impossible d’arrêter les bras des assassins ? Direz-vous qu’il n’était point en votre puissance de les réprimer ? Vous avez dit au département par l’organe imposteur de vos commissaires, que vous n’aviez pu arrêter la colère du peuple. Malheureux ! vous prostituez le nom du peuple ; vous ne l’invoquez que pour le déshonorer et couvrir vos turpitudes et vos crimes ! était-ce donc le peuple qui commettait ces forfaits exécrables ? Non, il gémissait en silence ; c’est vous, administrateurs féroces, qui, d’intelligence, avec le conseil général de la Commune et le ministre Danton avez tout fait préparer, tout fait exécuter. C’est vous qui avez fait commettre tous ces crimes par un petit nombre d’affidés, afin de vous enrichir des dépouilles sanglantes de vos nombreuses victimes ; c’est vous qui avez fait de