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listes criaient : vive le roi ! On s’aperçut après son passage que les troupes étaient mécontentes ; car il fut à peine remonté au château, qu’une partie de ces mêmes troupes qu’il avait passées en revue se retirèrent ; à 6 heures il ne restait pas deux mille hommes.

Mais les Parisiens et le peuple des faubourgs hérissés de fer, inondaient les rues. Ils traversaient les ponts en longues colonnes, malgré les canons qui les barraient ; ils s’avançaient à pas de géants vers les Tuileries ; l’air retentissait de leurs cris de fureur qui se mêlaient aux tintements du tocsin.

Avant sept heures, ils étaient avec les Marseillais en bataille rangée sur la place du Carrousel en face du château. Dans cet intervalle, les officiers suisses versaient eux-mêmes de l’eau-de-vie aux soldats de leurs corps. Un officier général en proposa aux volontaires de la garde nationale. Bientôt après, une voix ayant fait commandement, par le flanc à droite, par file à gauche, une légion de courtisans déploya soudain espingoles, poignards, sabres, pistolets, défila au milieu des volontaires, et alla se ranger en ordre de bataille dans le cabinet du roi. C’est dans cette situation hostile qu’il fut mandé à l’Assemblée nationale. Une partie de cette légion armée et un détachement du bataillon de Saint-Thomas qui faillit partager le sort des Suisses, protégèrent son passage à travers les flots du peuple en fureur, que la puissance insinuante de la parole parvint seule à calmer un instant.

Mais à l’aspect des Suisses, il s’indigna, il rugit, et c’est alors qu’un simple citoyen se précipitant au-devant du roi, alors à découvert, et saisissant sa main, lui dit : « Ce n’est pas un assassin qui te parle, c’est un honnête homme qui veut te conduire sans péril à l’Assemblée nationale. Mais pour ta femme, elle n’entrera pas ; c’est une S. G. qui a fait le malheur des Français. » Le roi, d’un air pénétré, serra la main de cet homme ; et, dans cet instant même, le député Rœderer, qui était auprès de Capet, le quitta pour s’approcher du perron de la salle des séances. Là, il proclama le décret